Ce funeste bicentenaire a certainement aussi joué dans cette faible participation.
La pratique des 1er et 2nd vins remonte au XIXe siècle. À l'époque, les meilleurs moûts servaient à faire le "Grand Cru", et plutôt que de jeter les « moins bons », ils étaient utilisés pour créer un "second vin" ; pas de perte pécuniaire, donc.
Elle a été « officialisée » du début du XXe siècle pour certains vins de Bordeaux.
Pour Le Château Margeaux, elle date de 1908.
Depuis les années 90, presque tous les Bordeaux (gd crus, et crus bourgeois), St Emilion Pomerol, ont un second vin et même certains pour un troisième vin.
Lors de certaines mauvaises années (1927 par exemple), des Châteaux, comme "Mouton-Rothschild", préfèrent ne pas produire de 1er vin. Seul le second vin est commercialisé.
Aujourd'hui, les seconds vins sont élaborés à partir des mêmes parcelles et avec la même rigueur que les premiers vins, à ceci près que
- les seconds vins sont élaborés à partir des jeunes pieds et donc de parcelles différentes
-ils ne bénéficient pas forcément de fûts neufs et du même assemblage.
À quelques rares exceptions, les seconds vins ne commencent pas par la mention "Château", mais reprennent une partie du nom du grand frère.
Le but du second vin est de rendre le premier le meilleur possible.
Il reçoit le produit des jeunes vignes, qui, avant dix ans, ou plus dans certaines parcelles, donnent des vins fruités mais manquant de finesse et de complexité. Et puis il y a les mystères des relations entre sols et millésimes: certains terroirs excellents donnent des vins moins intéressants lors des sécheresses. Le second doit être un modèle réduit du premier: même typicité, mais avec un peu moins de tout - moins long, moins complexe, moins riche.
Pourquoi les grands vins des autres régions ne le font pas ?
A goûter ce qui se présente sur le marché, beaucoup de seconds vins n'ont qu'un rapport éloigné avec cette définition idéale. Aucune réglementation ne contrôle ces flacons dégriffés, pièges redoutables pour les consommateurs. Car le phénomène, d'abord réservé aux crus classés, a pris ces dix dernières années une ampleur commerciale anarchique: les crus bourgeois s'y sont mis, et on découvre des seconds vins jusque dans le Languedoc.
Beaucoup de ces vins ne sont que la traduction commerciale de pratiques désolantes. Des châteaux, qui ont inconsidérément accru leurs surfaces ou leurs rendements, s'efforcent ainsi de défendre leur rang au travers de la rareté d'un premier vin de plus en plus sélectif, tandis que tout le reste (parfois plus de 50% de la production) est survendu, grâce à une étiquette qui rappelle le premier, dans les foires aux vins, à l'étranger ou sur les tables de certains restaurants.
L’écart de prix peut aller de 45 à 75 %
Acheter un 2nd vin d’un grand cru classé est toujours une bonne affaire plaisir et parfois un bon investissement
3 duels à l’aveugle ont eu lieu lors de cette soirée.
1er Duel – Moulis en Médoc
- Château de Maucaillou 2010 (23€)
- N°2 de Maucaillou 2010 (16€)
- Château d'Issan 2009 (79€)
- Blason d'Issan 2009 (25€)
- Château Nenin 2009 (69€)
- Fugues de Nenin 2009 (28€)
Pour le dessert, nous avions un Bonnezeaux (Côtes de Layon).
Nous avons tous beaucoup apprécié les deux Margeaux et les deux Pomérol.
Le Maucailloux a été très décevant. La marche était trop haute par rapport aux deux premiers (réputation et année).
Soirée à renouveler!
Alain.